AVERTISSEMENT AU LECTEUR
Formation, ambition et métier.
Collectionner c'est rechercher ...
Non pas forcément mener une recherche culturelle sur un thème donné, mais plutôt être en état d'alerte, chasser, passer parde longues attentes anxieuses et, comme pour un gibier rare, laisser les pièces de moindre intérêt pour bondir sur celle digne d'émotion... Quel que soit le sacrifice.
Collectionner comme mode de vie ?
Non, simplement créer des moments privilégiés, aménager des plages pour s'échapper du quotidien. Avant tout une collection ressemble à ceux qui l'ont rassemblée ; c'est une vision totalement subjective et partiale du sujet dont elle prétend rendre compte. Veuillez en pardonner les lacunes. Si vous êtes tentés de faire un bout du chemin que nous avons parcouru, sachez qu'il nous a fallu des heures, des années d'observation, d'écoute, de comparaison, d'humilité avant d'affiner notre goût, de former notre oreille. La visite des Musées d'Europe est un élément formateur indispensable. Chaque instrument véhicule en plus de la charge émotionnelle, son propre passé culturel ; nous avons dû apprendre à les connaître pour mieux les apprécier. Cela nous a aidés à choisir les pièces avec rigueur pour qu'elles témoignent à la fois :
- de l'effervescence imaginative qui caractérise les artisans, ingénieurs et artistes créateurs
- de la simplicité et de la finesse des moyens mis en oeuvre pour accéder aux plaisirs, aux jeux et au merveilleux
- d'une esthétique très particulière et de la richesse des documents sonores que nous pouvons rencontrer.
C'est assez esquisser la difficulté qui préside à la constitution mais aussi à la remise en état d'une collection. Il ne suffit pas d'engranger l'objet. Il faut que l'instrument chante, qu'il retrouve son souffle et son éclat. Notre travail de restauration requiert toute une variété de qualités, réflexion, patience voire persévérance, goût de la recherche documentaire et tant de soins qu'une remise en état se déroule sur un temps ... infini.
Celle d'une pièce à musique de l'importance d'un orgue de manège s'envisage sur deux ans.Au delà de la partie technique, les questions les plus délicates se posent sur le plan esthétique ; il faut savoir où s'arrêter. Parfois une remise à neuf peut détruire un objet. Il n'est pas nécessaire qu'un automate peint il y a une centaine d'années soit propre et... sans âme. Sachant que ce point de vue n'est pas unanimement partagé, nous devons discerner l'outrage qu'il faut absolument réparer, de la craquelure à ne pas toucher sous peine de défigurer l'ensemble.
Nous considérons notre petit monde avec indulgence parce que nous les remercions d'être encore parmi nous.
Eve + Philippe Crasse
Nous remercions particulièrement le coup d'oeil de Jean-Louis GARNELL, qui a si magnifiquement sublimé ces objets d'art... La plupart de ces prises de vue ont été réunies dans un ouvrage publié par le Conseil Régional de Midi-Pyrénées lors de l'exposition de la collection au Grand Palais à Paris en 1987.